vendredi 20 juin 2014

Mon interview sur les médias et l'Ojim est parue ce jour sur Boulevard Voltaire

Un entretien avec Claude Chollet, président de l'Ojim, a été publié ce jour sur Boulevard Voltaire, le site fondé par Robert Ménard et Dominique Jamet.


Après avoir étudié les sciences politiques et travaillé pendant trente ans dans l’industrie pharmaceutique, Claude Chollet a créé en 2012 l’Observatoire des journalistes et de l’information médiatique (OJIM) dont il est actuellement le président. Retour sur un succès.

Pourquoi avoir créé l’OJIM ?

Les médias influencent le pouvoir parlementaire, sanctionnent les actions de l’exécutif, peuvent juger les juges au travers de leurs articles. Burke parlait de « quatrième pouvoir », c’est aujourd’hui le premier et, comme la langue d’Ésope, il peut charrier le meilleur comme le pire !

L’appauvrissement des moyens, la montée de la précarisation, un certain conformisme idéologique favorisent un « journalisme de copie » où on réécrit la dépêche AFP, parfois biaisée, sans la vérifier. L’analyse et la critique sont donc une nécessité démocratique.

Mais comment mieux comprendre les médias sans avoir accès à l’envers du décor ?

Qui finance ? Qui dirige ? Nous essayons d’y répondre par nos infographies sur les grands groupes ou les médias influents. C’est également le sujet de nos dossiers sur le traitement médiatique de certaines affaires (Merah, Méric…), sur le « point Godwin » ou le décorticage de certaines émissions comme « Plus belle la vie ».

Mais les médias ne sont pas réalisés par des robots, ce sont les journalistes qui les font vivre. Mieux connaître leur parcours, leur formation, leurs ouvrages… permet de situer plus exactement leur mode d’influence. C’est une des originalités de l’OJIM : il y a déjà plus de cent portraits des principaux acteurs médiatiques parfaitement « sourcés ». C’est une base de données gratuite ouverte aux spécialistes comme aux simples lecteurs.

Encouragez-vous au « signalement » ?

Je n’aime pas du tout ce terme qui a un côté policier. Nos lecteurs envoient par mél les dysfonctionnements qu’ils ont pu relever.
C’est, par exemple, un lecteur russophone qui nous a signalé l’erreur (volontaire ?) de traduction par TF1 lors de l’entretien avec Poutine. Dire que l’on ne doit pas « débattre avec les femmes » n’est pas la même chose que « se chamailler avec les femmes »… qui est par ailleurs un proverbe russe ! Un petit exemple de désinformation, repris ensuite en chœur par la majorité des médias !

Les journalistes sont-ils vraiment « tous les mêmes » ?

Bien sûr que non, mais il y a des habitudes liées à la corporation. Bourdieu parlait de « l’habitus » des corps sociaux qui tendent à se reproduire à l’identique. L’habitus journalistique est libéral de gauche à 70 ou 80 %, d’extrême gauche à 10 % et un petit 10 % de droite qui a intérêt à ne pas trop manifester ses opinions pour ne pas être ostracisé.

C’est vrai en radio, à l’écrit ou en télé, mais c’est pire encore dans la presse quotidienne régionale ou dans les écoles de journalisme.

Ce relatif conformisme idéologique est une des causes (mais non la seule) de la crise des médias. Le public a l’impression d’entendre la même ritournelle et va chercher le pluralisme sur Internet.

Quelles réactions de la profession sur ce site ?

Une très petite minorité a montré de l’indignation, se demandant comment nous osions, sans comprendre que le journaliste est devenu un personnage public, notamment à cause des réseaux sociaux.

Mais notre compte Twitter est, par exemple, essentiellement suivi par des journalistes ou des étudiants en journalisme. Ils ne sont pas nécessairement d’accord avec tout ce que nous écrivons mais considèrent que nous sommes une source d’information utile.

Les 17 collaborateurs du site sont, d’ailleurs, majoritairement journalistes et étudiants en journalisme. Mais le plus important reste la réaction du public : le site reçoit régulièrement plus de 100.000 visiteurs uniques par mois, et notre page Facebook compte déjà 60.000 « amis » !

Il y a donc une véritable attente du grand public pour mieux connaître les médias : c’est un encouragement pour l’OJIM et pour les médias eux-mêmes. Une analyse critique ne dévalorise pas les médias, elle les aiguillonne et participe ainsi à une vie citoyenne active !

Source : bvoltaire.fr

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