mercredi 26 mars 2014

Vers un monopole du trio BNP sur la presse de gauche ?

La pieuvre BNP va-t-elle étendre d'avantage ses tentacules sur le monde de la presse de gauche ?

Interrogé par Canal+ sur la situation du quotidien Libération, Matthieu Pigasse a déclaré que le trio, composé de lui-même, de Pierre Bergé et de Xavier Niel, « sera là » si Libé était à vendre. « Quand on investit dans la presse, quand on aime la presse, quand on aime l’écrit, quand on est de gauche, engagé, on ne peut pas rester indifférent au sort de Libération », a expliqué le banquier de la banque Lazard. « Nous suivons cette situation avec attention. Mais jusqu’à preuve du contraire, Libération a des actionnaires, ces actionnaires ont un projet. Nous n’intervenons pas », a-t-il poursuivi. Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Matthieu Pigasse a également indiqué que le trio BNP souhaitait que leur partenariat soit « le plus vaste possible ». « Nous ne sommes qu’au début de notre association. Notre souhait est d’investir dans les médias porteurs de sens et d’engagement. On ne s’interdit aucun secteur : presse, radio, Internet et, pourquoi pas, l’édition », a-t-il prévenu. De quoi susciter les craintes par rapport à un éventuel monopole ? Pas pour Pigasse qui considère que « l’univers de la presse française quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, nationale, régionale, de droite, de gauche est tel qu’(il ne voit) pas de menace sur le pluralisme »... Pour rappel, Matthieu Pigasse est déjà propriétaire des Inrocks, du Monde (avec Bergé et Niel), actionnaire du Huffington Post et est bien placé pour devenir le prochain président du conseil du Nouvel Observateur (récemment racheté à 65% par BNP). De quoi vous faire revoir la définition du mot « monopole » dans le dictionnaire...

Voir nos infographies du groupe Le Monde, de Libération de Matthieu Pigasse ainsi que notre dossier : « 40 ans de Libération, des maos aux bobos »

Source : ojim.fr

Le Nouvel Obs vendu pour une bouchée de pain

Le prix de vente annoncé était déjà peu élevé mais le prix réel révélé par Claude Perdriel ne laisse plus planer aucun doute : Le Nouvel Obs a été donné, pas acheté.

On nous avait annoncé 13,8 millions d'euros. En réalité, Le Nouvel Obs, racheté à 65% par le trio BNP (Pierre Bergé, Xavier Niel, Matthieu Pigasse), a été cédé pour seulement 4,1 millions d'euros. C'est Claude Perdriel lui-même, le fondateur de l'hebdomadaire qui conserve par ailleurs 33,5% des parts, qui l'a révélé alors qu'il était invité de l’association des journalistes médias (AJM) ce jeudi 20 mars. « Le prix de vente s’élève à 6,4 millions d’euros, mais j’ai reversé 1,5 million au Nouvel Observateur pour participer aux dépenses de restructuration, ainsi que 900 000 euros que j'ai donné à certains journalistes à la suite de l’abandon de suppléments de salaires que je donnais jusqu’ici sous forme de prime », a-t-il expliqué avant de faire les comptes : « Au total, on arrive donc à un chiffre de 4,1 millions d’euros. » S'il reconnaît que « la valeur réelle de l’Observateur est très largement supérieure à ces 4,1 millions d’euros », Claude Perdriel a « considéré [qu’il] ne pouvai[t] pas vendre le Nouvel Observateur et [qu’il] devai[t] le donner ». « J’ai essayé pendant longtemps de créer une fondation pour financer l’Observateur. Mais, en France, c’est impossible. Le fisc me volait immédiatement 30 ou 40 millions d’euros ! », a ajouté l’homme d’affaire. Et de conclure : « Cette somme de 4,1 millions me donne un poids moral plus grand sur le Nouvel Observateur. » Claude Perdriel reste néanmoins propriétaire du magazine économique Challenges, de Science & Avenir, et patron de Télé Obs. Source : ojim.fr

mardi 18 mars 2014

L’Ojim fête son 100ème portrait

Depuis bientôt deux ans, l’Observatoire des Journalistes et de l'Information médiatique, fondé par Claude Chollet, vous informe sur ceux qui vous informent.

Ce travail passe notamment par la publication régulière de portraits de journalistes dans lesquels nous vous livrons, en toute objectivité, des éléments permettant de les situer dans le paysage médiatique et politique actuel : d’où viennent-ils ? Quelles études ont-ils faites ? Quel est leur parcours ? Quel est leur réseau ? Quelles sont leurs idées politiques ? L’Ojim publie aujourd’hui son 100ème portrait, consacré à Bruno Roger-Petit, en attendant la suite...

Le succès que rencontrent ces portraits nous incite en effet à continuer notre travail de décryptage afin de donner au public les clés du fonctionnement des médias, ainsi que des hommes et femmes qui les constituent.

Crédit photo : capture d'écran vidéo Le Post via Dailymotion (DR)
Source : ojim.fr

mercredi 12 mars 2014

Cinéma : Gaumont et Pathé n’invitent plus les critiques du Figaro

Dans son édition de ce week-end, Le Figaro a annoncé que ses journalistes cinéma étaient désormais privés des projections presse organisées par Pathé et Gaumont à cause de « critiques jugées trop négatives ».

« Les critiques sont des gens méchants. Parfois, ils écrivent du mal des gentils films. Parfois même, ils osent dire qu'ils ne sont pas tous des chefs-d’œuvre. Pire, ils ne soutiennent pas systématiquement les longs métrages produits et distribués par les firmes Pathé et Gaumont. Qui n'ont rien contre la critique, pas du tout, du moment qu'elle tartine sur la qualité de leur réalisation », écrivent plusieurs journalistes du quotidien dans un article intitulé « Pas de tomates pour les navets ».

Les relations ne sont en effet pas au beau fixe entre les critiques du Figaro et Gaumont depuis la publication d’un dossier sur la faiblesse des scénarios des films français, illustré par une photo d’un film de la firme, Mea Culpa. Par la suite, la critique n’a pas été tendre avec une autre production de Gaumont, La belle et la bête avec Vincent Cassel et Léa Seydoux. Pathé n’a pas été épargné non plus avec une critique très dure de son film Supercondriaque avec Dany Boon et Kad Mérad.

Depuis, « plus un critique de notre journal n'est convié aux projections de presse ». Pire : des critiques, et pas uniquement ceux du Figaro, auraient été menacés de perdre leur emploi et des encarts publicitaires retirés en guise de représailles... « Si les distributeurs n'ont jamais porté les critiques dans leur cœur, il semble qu'ils aient décidé de leur déclarer la guerre », se plaint l’article.

Interrogée par le journal sur cette affaire, Sidonie Dumas, patronne de Gaumont, s’est contentée de plaindre un cinéma français malmené « à tort » par la presse. « Les articles sont trop généralistes : tous les scénaristes sont mauvais, les acteurs trop payés, le cinéma trop financé. Le cinéma est un bouc émissaire », a-t-elle estimé, voyant là un « mal très français ». « Gaumont ne s'opposera jamais à des critiques négatives » à condition que « les articles soient argumentés », a-t-elle conclu.

Crédit photo : awottawa via SXC (cc) - source : ojim.fr

Atlantico va attaquer Valeurs Actuelles et Slate

Après avoir publié, le 5 mars dernier, certains enregistrements de Patrick Buisson lors de ses réunions avec Nicolas Sarkozy, le site d'information Atlantico a fait part de son intention de porter plainte contre Valeurs Actuelles et Slate.fr.


Ces derniers avaient en effet affirmé que la publication des enregistrements trouvait sa source dans un conflit financier qui existe entre le directeur d'Atlantico, Jean-Sébastien Ferjou, et Patrick Buisson. Valeurs Actuelles affirmait ainsi que M. Ferjou a été « mis en selle » par Buisson quand Slate.fr écrivait que « Patrick Buisson a aidé Jean-Sébastien Ferjou à monter Atlantico ». Des informations que le site a tenu à démentir. Dans un communiqué publié dès le jeudi 6 mars, Atlantico affirme qu'il « n'a jamais existé de lien capitalistique avec Patrick Buisson ». « Ce dernier n'a jamais fait partie de l'actionnariat du site Atlantico [et] à aucun moment il n'a contribué à l'entrée d'un quelconque actionnaire au capital du site », a ajouté le site, qui a d'autres part annoncé qu'il avait l'intention de porter plainte. Par ailleurs, Atlantico vient, ce dimanche 9 mars, de retirer des enregistrements où figurait Carla Bruni. « Eu égard au fait que Madame Carla Bruni Sarkozy n'est pas une personnalité politique et ne prétend à aucun rôle à ce titre et à sa demande judiciaire, nous avons décidé dans un souci d'apaisement de les retirer purement et simplement tant sous leur forme numérique que sous celle retranscrite », écrit le site.

Source : ojim.fr

mercredi 5 mars 2014

Canal+ voit ses abonnements s’évaporer

Sur l’année 2013, Canal a encaissé une lourde chute de ses abonnés. Ainsi la chaîne cryptée a-t-elle perdue 26 000 abonnés et près de 185 000 abonnements (les abonnés pouvant avoir plusieurs abonnements).

La chute est d’autant plus lourde et visible si l’on retire de ces chiffres les abonnements à CanalPlay, service de vidéo à la demande en forte croissance, passé de 156 000 abonnés en 2012 à 330 000 en 2013. Ceci fait, les seuls Canal et CanalSat ont ainsi perdu plus de 360 000 abonnements en un an ! En parallèle, les désabonnements sont en nette hausse, passant de 13,8 % pour 2012 à 14,9 % en 2013. Cette hausse est essentiellement due au bouquet CanalSat, car Canal voit, de son côté, son recrutement augmenter de 11 %. Pour Grégoire Martin, le directeur financier de Canal, ces mauvais chiffres sont essentiellement dus à « l'environnement macro-économique, la hausse des tarifs, ainsi que la concurrence de BeIN Sport, de la TNT gratuite et des fournisseurs d'accès ». Ce dernier a ajouté que le taux de désabonnement a d'ores et déjà décru à l'automne, et promis qu'il diminuera encore en 2014. Source : www.ojim.fr

FOG veut-il la peau de Jean-François Copé ?

Dans son édition de ce jeudi 27 février, Le Point accuse Jean-François Copé d'avoir « sponsorisé avec l'argent de l'UMP » la société Bygmalion fondée par deux de ses proches, Bastien Millot et Guy Alves.

L’hebdomadaire fait part d’une étrange générosité du président de l’UMP envers cette agence de communication, qui aurait « profité de la période faste de la présidentielle pour charger la mule sur certaines prestations facturées à l'UMP hors appel d'offres ». Et Le Point de mettre en avant l’état précaire des comptes de l’UMP, qui a dû faire appel à des dons de sympathisants pour éponger le trou de 11 millions d’euros laissé suite à l’invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, avant de rappeler qu’en parallèle, les comptes de Bygmalion affichent une « santé florissante ». Invité à s’exprimer sur le sujet le jour-même sur I-Télé, Jean-François Copé a dénoncé « un coup monté de manière absolument ignoble » auquel il a décidé de répondre par « la voix des tribunaux ». « C'est extrêmement grave, c'est un tissu de mensonges et tout ça donnera lieu à une réponse devant les tribunaux », a expliqué le président de l’UMP, gravement mis en cause pour favoritisme. Mais outre cette indignation prévisible, Copé estime que cette affaire ne sort pas de nulle part… « Il y a derrière ça un homme, Franz-Olivier Giesbert, qui depuis des mois et des mois, nous attaque Nicolas Sarkozy comme moi-même, pour nous détruire », avance-t-il. Et de prévenir : « On va y répondre. » De son côté, Bastien Millot, l'un des deux fondateurs de Bygmalion, a également répondu à ces attaques dans « Le Grand Direct des médias » sur Europe 1. Pour la défense de Bygmalion, celui-ci souligne que la société ne collabore « pas qu'avec des personnes de droite, il y en a aussi de gauche, ou du centre ». À propos de l’auteur de l’article, Millot explique : « J'ai rencontré le journaliste qui a rédigé ce papier, et comme il l'a dit, "On nous a demandé un papier". "On", veut donc dire la direction du Point. » Et la direction du Point mène, bien qu’il ne soit plus officiellement en fonction, à Franz-Olivier Giesbert. Dans la foulée, M. Millot estime que « la volonté de taper, et d'avoir un scoop, a pris le pas sur la volonté de faire un papier transparent » et ajoute que Bygmalion est « une vraie entreprise, avec des salariés » qui « n'est absolument pas une filiale de l'UMP. C'est honteux d'affirmer cela, surtout pour ceux qui y travaillent! » Celui-ci se laisse le temps de réfléchir à d’éventuelles suites judicaires après la consultation de son avocat. Nous rappelons enfin à nos lecteurs que Bygmalion, la société de Bastien Millot, est également en cause pour des contrats douteux passés, selon Le Canard Enchaîné, avec France Télévisions. Selon le Canard, Bygmalion aurait « décroché 22 missions, moyennant 1,2 millions d’euros » avec le groupe public entre 2008 et 2013. Bémol : Martin Ajdari, l’actuel secrétaire général de France Télévisions qui a été entendu le 13 novembre et le 6 décembre 2013 par le juge Van Ruymbeke, n’aurait pas « trouvé trace de mise en concurrence » pour ces contrats.

Lire notre portrait de Franz-Olivier Giesbert, prince mondain de la connivence tranquille

Crédit photo : Thesupermat via Wikimédia (cc) - source : www.ojim.fr